[Qu’es aquò ?] La neutralité du net

Publié le 17 décembre 2017

Qu’es aquò ?

 Attention, cet article date de plus d'un an. Les informations qu'il contient sont peut-être obsolètes. 

Bonjour à tous !

Cet article inaugure une nouvelle série d’articles nommée “Qu’es aquò ?”. Vivant désormais en Occitanie, je me permets donc d’utiliser cette expression “Qu’es aquò ?” qui signifie plus globalement “Qu’est-ce que c’est ?”. Aujourd’hui, nous allons donc voir ce qu’est la neutralité du net et voir quelles sont les conséquences des récents événements aux États-Unis.

J’avais commencé un article sur un tout autre sujet mais ça sera finalement pour le mois prochain ! Ce qui s’est passé aux États-Unis cette semaine me semble plus important car les conséquences risquent d’être vraiment importantes.

Qu’est-ce qu’Internet ?

Tout d’abord, avant de parler de neutralité du net, qu’est-ce que le net ? Pour répondre à cette question, nous allons parler des différents types de réseau.

Les LAN, MAN et WAN

Ce sont quelques termes informatiques dont la définition est finalement plutôt simple:

  • Les LAN (Local Area Network): en français réseau local, ce sont finalement un ensemble d’ordinateurs appartenant à une même organisation (entreprise, logements …) et reliés entre eux dans une petite aire géographique par un réseau. Généralement, la communication se fait par Ethernet ou en Wi-Fi.
  • Les MAN (Metropolitan Area Network): ce sont des interconnexions de LAN géographiquement proches (quelques dizaines de kilomètres tout au plus). Les LAN sont désormais de plus en plus reliées en fibre optique, ce qui assure un bon débit de communication entre eux.
  • Les WAN (Wide Area Network): ce sont cette fois-ci des interconnexions de LAN plus éloignées. Les débits sont moins importants du fait de la distance mais c’est surtout en fonction des technologies utilisées.

Le WWW et Internet

Finalement, le WWW (World Wide Web), autrement appelé Internet, n’est qu’une addition de LAN qui forment une WAN. Prenons un exemple plus concret.

Vous êtes chez vous (dans votre appartement) relié à votre box. Vous formez déjà un petit réseau car votre tablette est également connectée à votre box. Ensuite, si on recule d’un pas, on voit toutes les box de votre immeuble reliées entre elles à un autre boitier (appelé commutateur (ou switch en anglais) mais disons que c’est la box de l’immeuble pour simplifier). Cette box est alors reliée à toutes les autres du quartier. On peut ensuite dézoomer à l’échelle de votre ville puis de votre département, du pays et enfin de la planète entière. Vous pouvez donc communiquer avec n’importe qui se trouvant à l’autre bout du monde du moment qu’il soit lui aussi connecté.

La neutralité du net

Si l’on regarde la page Wikipédia, voici la définition que l’on y retrouve:

“La neutralité du Net (ou la neutralité du réseau) est un principe devant garantir l’égalité de traitement de tous les flux de données sur Internet. Ce principe exclut par exemple toute discrimination à l’égard de la source, de la destination ou du contenu de l’information transmise sur le réseau.

Neutralité du net
Neutralité du net

La neutralité du net est donc l’un de ses principes fondateurs. Cela signifie donc que les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) ont l’interdiction de favoriser des contenus qui transitent sur le réseau.

Comme le montre cet article de 2011 de L’Express, la question de la neutralité du net s’est déjà posée il y a quelque temps.

Dans l’article, on retrouve notamment le cas de Youtube qui était bridé par les opérateurs (et plus particulièrement par Free). Le problème en 2011 était l’importance du trafic généré par le chargement des vidéos de la plateforme. L’intérêt pour les opérateurs était donc de limiter l’utilisation de la bande passante et ainsi éviter de devoir améliorer les infrastructures et donc de devoir investir de l’argent.

Pour pouvoir limiter l’accès à un service sur Internet, les opérateurs doivent donc inspecter tout ce que vous envoyez (et recevez). Le fait de tout inspecter pose la question de la confidentialité des données et de la vie privée des utilisateurs mais ce n’est pas notre problème aujourd’hui dans cet article. Il existe en effet des solutions telles que les VPN, vous pouvez d’ailleurs trouver cet article expliquant comment installer un serveur VPN.

La fin de la neutralité aux États-Unis

Le 14 décembre 2017 dernier, la Commission Fédérale des Communications des États-Unis (la FCC) a décidé de mettre fin à ce grand principe. Quelle est la conséquence directe de cette décision historique ? (En espérant que la décision puisse être remise en cause quand un autre président prendra la place de Trump …) Tout simplement le fait de pouvoir limiter, brider voir interdire l’accès à certains services. Les opérateurs pourraient signer des accords avec certains gros groupes pour que leurs services soient accessibles alors que si les utilisateurs veulent d’autres services, ils devront peut-être payer plus cher. En clair, vous pourrez payer un abonnement de base et devoir payer 5€ de plus pour avoir le droit d’aller sur Netflix, 5€ de plus pour aller sur les sites d’actualités sportives … (sans oublier les accords que les grands groupes pourront passer avec les opérateurs)

En 2015, l’administration d’Obama avait déclaré qu’Internet était un bien public comme les réseaux téléphoniques et que par conséquent, les FAI étaient soumis aux mêmes règles, dont la neutralité du réseau. Cependant, certaines organisations comme La Quadrature du Net n’ont jamais baissé la garde et ont continué à mener des actions pour promouvoir l’importance de la neutralité du net.

A son arrivée à la maison blanche, Trump a nommé un ex-conseiller de l’opérateur américain Verizon à la tête de la FCC. On notera donc le petit conflit d’intérêt et on se doute que la raison derrière cette décision se résume en un mot: l’argent.

Les avantages

Il est très difficile d’alimenter cette section, mais pour essayer de rester le plus objectif possible, il est nécessaire d’en parler. J’ai donc fait quelques recherches sur le net et d’après les échos, du côté des partisans de l’anti neutralité du net, on retrouve principalement le lobby des FAI. Leur argument est économique, selon eux (comme pour l’affaire Youtube et Free en 2011) “assouplir les règles autour de la neutralité du net leur permettrait d’investir dans une meilleure qualité de service” et également de limiter le déploiement des infrastructures comme la fibre qui leur revient cher.

Selon Bernard Benhamou (expert français d’Internet et spécialiste de la société de l’Information), les FAI considèrent qu’il y a une captation inégale et injuste de la valeur par les producteurs de contenus comme Google et Netflix. Toujours d’après les opérateurs, ce n’est pas de leur ressort de devoir financer les investissements nécessaires pour les besoins qui évoluent en parallèle avec les services.

D’après Stéphane Richard, PDG d’Orange, un Internet à deux vitesses est une obligation. L’argument qu’il met en avant est la nécessité de donner davantage de possibilités aux technologies à distance qui nécessite une latence faible combinée avec une vitesse élevée comme pour les voitures autonomes. L’argument qu’il ne met pas en avant est le fait de pouvoir récolter encore plus d’argent sur le dos des clients (mais ça, il ne l’a pas dit devant les caméras de BFMTV cette semaine). Pardon, j’avais parlé d’objectivité.

Certes une voiture autonome transporte des données plus critiques qu’un utilisateur qui regarde une vidéo ou une série, mais cela va à l’encontre de la neutralité du net. De plus, si les technologies ne permettent pas un fonctionnement optimal des voitures autonomes, la solution est-elle vraiment de brider cette technologie (ici Internet) au détriment de ses autres utilisations ?

Voilà qui conclue la partie sur les avantages et qui nous permet de faire une transition sur les inconvénients de la fin de la neutralité du net, partie que j’ai nommé les dangers.

Les dangers

Du côté des pro neutralité du net, la décision américaine se voie comme une attaque au principe fondateur d’Internet. Mais surtout en plus de cela, on retrouve une attaque contre les libertés individuelles avec des raisons beaucoup plus économiques que les arguments avancés par les FAI.

Pour revenir sur les dangers, toujours selon Bernard Benhamou, “ce qui est en train d’arriver aux États-Unis risque de renforcer les positions dominantes sur Internet”. Par exemple des grands acteurs tels que Google seront capables de payer les FAI afin que leurs services soient prioritaires au détriment des plus petits acteurs qui ne pourront pas suivre. “A terme, cela pourrait empêcher des startups d’émerger et de devenir le nouveau Netflix”.

La fin de la neutralité du net pose donc un problème d’innovation et ne profite qu’aux gros.

Les articles traitant des dangers de la fin de la neutralité du net étant très nombreux sur Internet (j’ai notamment accès à tous ces articles du fait que ça ne soit pas encore bridé par mon opérateur), je ne vais pas m’étaler plus sur le sujet mais plutôt vous rediriger vers cet [article très illustrateur] (https://www.numerama.com/politique/275618-a-quoi-ressemblerait-le-web-en-france-sans-neutralite-du-net.html) de Numérama qui explique à quoi ressemblerait le web en France sans la neutralité du net (je vous conseille vraiment d’aller le lire).

Où en est-on en France et en Europe ?

D’après Serge Abiteboul, informaticien français à l’ENS Paris et directeur de recherche à l’Inria, “nous ne sommes pas concernés au premier abord” en France et en Europe. En effet, la neutralité du net semble “relativement bien protégée” car en 2015, un règlement garantissant la neutralité du net a été adopté en Europe. Celui-ci permet de bannir les comportements problématiques des opérateurs.

N’oublions pas qu’en 2015 également, une décision similaire avait été prise sous Obama mais a été révoquée, donc nous ne sommes pas non plus à l’abri du côté Est de l’Atlantique.

Cependant, nous avons encore quelques années de répit. En effet, au lendemain de la décision américaine, un tweet a été posté par la Commission Européenne (lien vers la Wayback Machine pour la source).

En Europe, la neutralité du net est garantie par la loi. C’est aussi ça, l’UE. #NetNeutrality

Celui-ci permet de nous rassurer un peu à ce niveau.

Conclusion

Au final, on peut faire une analogie avec les autoroutes. On a déjà la technologie (les routes à 2 voies), mais du jour au lendemain, la décision est prise de ne laisser la voie de gauche qu’aux utilisateurs qui paient plus cher en leur permettant de rouler à 150 km/h. On ne laisserait donc que la voie de droite aux utilisateurs qui paient le tarif de base en baissant la limite à 90 km/h. L’argument des autoroutiers serait qu’il serait trop dangereux d’augmenter la vitesse de manière générale.

Vous l’aurez donc compris, je suis un fervent défenseur de la neutralité du net, et le choix fait par l’administration américaine ne doit pas être pris à la légère. D’ailleurs, selon les experts, les conséquences directes pour les utilisateurs arriveront d’ici les prochains mois pour les Américains mais ne devraient pas avoir de réelles conséquences pour l’Europe.

Pour finir, voici un tweet de Netflix, une entreprise qui va être durement touchée par cette décision mais qui résume très bien l’affaire selon moi (lien vers la Wayback Machine pour la source):

We’re disappointed in the decision to gut #NetNeutrality protections that ushered in an unprecedented era of innovation, creativity & civic engagement. This is the beginning of a longer legal battle. Netflix stands w/ innovators, large & small, to oppose this misguided FCC order.

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